Famille Lieubeau : Crus du Muscadet
La révolution
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Vous avez été nombreux à découvrir ce domaine l’année dernière et à mesurer sur table le niveau atteint depuis quelques années par les crus du Muscadet lorsqu’ils sont travaillés dans les règles de l’art.
Vous savez combien je milite pour les appellations qui n’ont pas la reconnaissance méritée, souvent à cause d’a priori historiques. Il s’agit aussi d’un moyen de se fournir en très bons vins à prix doux, les vignerons de Loire, sud-ouest ou encore du Beaujolais n’ont pas encore réussi à valoriser leurs vins. C’est dommage pour eux, mais c’est une bonne nouvelle pour le consomateur.
Si vous avez des doutes sur la capacité des crus du Muscadet à vieillir, lisez notre note de dégustation du Château Thébaud 2009, une cuvée assez incroyable.
C’est avec beaucoup de plaisir que je propose à nouveaux les meilleurs crus de la Famille Lieubeau, pour la dernier fois
- Goulaine 2020
- Château-Thébaud 2021 nouveau millésime
- Glisson 2021
- Bel-Abord 2022
Présentation des vins en fin d’article.
Commande groupée Beaugrand Vins jusqu’au dimanche 22 septembre
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Le Muscadet et ses crus
On trouve aujourd’hui dans les crus du Muscadet d’excellents vins blancs qui sont en rupture totale avec les standards de l’appellation historique de Muscadet.
Par analogie ces crus du muscadet sont le pendant en blanc de ce qui se passe à cahors en rouge.
La qualité atteinte par ces Crus chez les meilleurs domaines n’est plus un secret chez les grands amateurs, bien que l’image de l’appellation dans l’inconscient collectif soit encore mauvaise. Il serait dommage de passer à côté, d’autant que les prix ne reflètent pas encore cette montée en gamme.
À leur meilleur niveau, ces vins sont de superbes blancs avec des profils comparables à ceux de très bons vins de régions biens installées. Selon les terroirs, ils évoquent Chablis, l’Alsace, les blancs du Rhône nord, ou encore de beaux chenins d’Anjou. Mais on est très loin des profils habituels du muscadet.
Jusqu’à la fin des années 90, les muscadets étaient produits à 70% par des négociants, à la recherche de petit prix, d’un goût unique, avec des rendements déraisonnables qui produisaient des vins dilués, simples, avec des acidités mordantes, beaucoup de soufre et pas toujours mûrs (d’où leur caractère végétal amer). Sans intérêt.
Quelques vignerons indépendants ont entamé à l’époque un long processus d’amélioration des vins pour enrayer ce positionnement désastreux de l’appellation.
Leurs efforts payent aujourd’hui.
En y réfléchissant bien, ce n’est pas une surprise que cette région et ses vins prennent leur envol, il y a un alignement de planètes qui leur est favorable.
Voici les 10 points notables qui ont permis cette révolution qualitative :
1) Il y a un réel attrait des amateurs pour les vins blancs depuis une vingtaine d’années.
2) Le succès des vins blancs de Loire en Anjou et Touraine rejaillit sur la région du muscadet.
3) L’attractivité de la région a considérablement augmenté et la métropole nantaise s’est développée depuis 10 ans, avec l’arrivée de cadres, entraînant le développement de nombreux restaurants de qualité et d’une demande de produits gastronomiques locaux.
4) Les professionnels du vin de la région jouent judicieusement la carte des vins locaux, participant ainsi à leur distribution et leur valorisation.
5) Le changement climatique est très favorable au vin de Loire et donc aux crus du muscadet. La région bénéficie de micros-climats doux favorables à la culture de la vigne.
6) Le Melon de Bourgogne, cépage unique du muscadet, a le potentiel de donner de très beaux vins s’il est conduit avec soin.
7) D’un point du vue géologique, la région possède une multitude de terroirs favorables à l’élaboration de grands vins blancs, longtemps sous exploités car au milieu de vastes zones moins qualitatives sous la même appellation.
8) Les succès, du Languedoc, du Beaujolais, plus récemment du Sud-Ouest dans leur révolution qualitative servent d’exemple et décomplexent les vignerons locaux.
9) L’entente entre ces mêmes vignerons, leur a permis de créer ces nouvelles appellations « crus du muscadet », inspirées des crus du Beaujolais, avec de nouveaux cahiers des charges très sévères. En quelques années sont ainsi apparus des profils de vin totalement différents.
10) Cette dynamique initiée par quelques pionniers a généré des vocations. De nombreux vignerons talentueux s’installent, confiants dans le futur des vins de la région. Des domaines à fort potentiel qui en d’autres époques n’auraient pas trouvé de repreneur ont changé de main, avec de nouveaux moyens financiers, humains et de nouvelles ambitions.
Concrètement ce sont aujourd’hui des vins qui n’ont rien à voir avec les muscadets d’antan.
Les crus du Muscadet.
Ils sont aujourd’hui au nombre de 10.
Clisson, Gorges, Le Pallet, Goulaine, Château-Thébaud, Mouzillon-Tillières, Monnières-Saint Fiacre, La Haye Fouassière, Vallet et Champtoceaux.
Ces crus délimitent les plus beaux terroirs de Muscadet et ont des spécificités différentes qui conduisent à des vins différents. C’est l’intérêt de les isoler.
Les cahiers des charges qui encadrent ces crus sont bien plus sévères et exigeants que celui du Muscadet. Ils sont tournés vers la qualité, l’émergence de grands vins et la montée en gamme.
- Des aires d’appellation très limitées, l’ensemble des crus ne représente que 10 % de l’aire totale du Muscadet (200 hectares)
- Des rendements maximums de 45 hectolitres à l’hectare au lieu de 65 hl/ha pour le muscadet. Soit un maximum de 6 000 bouteilles produites au lieu de 8500, on imagine facilement que les vins ne présentent pas la même concentration.
- Des niveaux de maturité avant vendange, plus élevés.
- Des élevages prolongés, les vins issus des crus évoluent lentement en cuve pendant 24 à 36 mois avant leur mise en bouteille (contre 4 à 12 mois pour les muscadets), il en résulte des vins, plus gras, plus complexes, plus profonds, donc plus aboutis.
LES VIGNERONS
Historiquement, quelques vignerons n’ont pas attendu l’apparition des crus pour produire des vins de qualité. Jo Landron, le domaine de l’Écu, le domaine Luneau Papin produisent depuis plus de 20 ans de superbes vins, mais réservés à des amateurs éclairés.
Plus récemment d’autres domaines les ont rejoints et proposent aujourd’hui des vins tout aussi expressifs, étonnants et recommandables.
La récente dégustation des 2018 de la famille Lieubeau m’a convaincu de les sélectionner. L’ensemble de la gamme est passionnant, très représentatif du niveau des crus, le millésime parfait pour découvrir ces vins dont les prix encore très très doux. Il faut en profiter.
LA FAMILLE LIEUBEAU
Les points forts des Lieubeau
1) L’arrivée d’une jeune génération talentueuse. Bien que les parents soient encore en activité, le domaine a considérablement progressé avec l’installation sur le domaine de Vincent, ingénieur agronome et œnologue, qui a travaillé dans de nombreux vignobles, en Champagne, Bourgogne, Argentine, Chili et aux États-Unis, avant de revenir sur le domaine familial.
Cela peut paraître une évidence, mais il encore rare d’avoir aux manettes des domaines des sachants aussi bien formés et capables d’innover et de faire bouger les lignes.
2) Un patrimoine de vieilles vignes (de 50 à 70 ans sur les crus), entretenu en sélection massale (les pieds voisins sont utilisés pour replanter les pieds manquants). Il s’agit d’une pratique très qualitative qui permet de perpétuer les particularités qu’une vigne a pu développer avec le temps sur une parcelle. La solution de facilité consiste bien souvent à utiliser des plants de pépiniéristes issus de clones qui tendent à standardiser les vins.
3) Une culture biologique. Les sols sont labourés et enherbés, pas de chimie.
4) Une sélection minutieuse des raisins, avec des vendanges manuelles, et tri à la parcelle avant de renter les raisins.
5) Des fermentations en levures indigènes (le sucre des raisins est transformé en alcool, sous l’action des levures naturellement présentes dans le chai). Le choix de faire confiance aux levures indigènes favorise un vin plus authentique et plus spécifique à son terroir, par opposition aux levures industrielles qui participent à la mise en place d’un goût uniformisé. Les levures indigènes étant plus capricieuses, elles nécessitent une attention et un savoir-faire bien plus importants. La grande majorité des grands vins sont élaborés avec des levures indigènes.
6) Des élevages prolongés de 24 à 36 mois en cuves souterraines, le vin repose sur les lies (résidu de la fermentation) qui vont participer à la complexité aromatique des vins, les faire gagner en onctuosité et les préparer à la garde. Les vins reposent ensuite 1 an en bouteille avant leur commercialisation, on ne peut ainsi acquérir les 2018 qu’aujourd’hui seulement.
7) Des vins de gastronomie, faciles d’usage.
7) Et enfin des prix très doux pour des crus du Muscadet et d’autant plus en comparaison des autres régions avec lesquelles ces vins rivalisent. Cela fait partie de ma stratégie de m’intéresser à ce profil de domaine et d’appellation : les vins y sont très bons et le manque de notoriété permet de les acheter à des prix très compétitifs.
8) Les crus ont une capacité à se bonifier sur une longue période insoupçonnée, le resultat des vins assez incroyables.
Dégustation du Château-Thébaud 2009 (Mars 2024)
Note BGV 94/100
La robe est d’une couleur or soutenue, brillante et profonde, marquant le vieillissement de ce Château Thébaud.
Le nez est riche et complexe, s’ouvrant sur des arômes grillés et miellés qui rappellent un Chardonnay de noble origine de la Côte de Beaune. Des notes minérales, salines et épicées émergent ensuite à l’aération et nous transportent face à l’Atlantique.
En bouche, le vin révèle une superbe plénitude et un équilibre remarquable. Bien que totalement sec, il procure une sensation de gras qui enrobe la bouche, signature des vins arrivés à maturité. Le retour aromatique est très intense et la longueur est surprenante.
Ce vin est l’expression de la grandeur, un blanc de garde exceptionnel qui a atteint son apogée, où chaque élément s’accorde en parfaite harmonie. Peu d’entre nous auraient misé sur un tel résultat après 15 ans de garde.
Les vins/les crus proposés en commande groupée
3 crus, 3 expressions bien différentes de très haut niveau et un Muscadet de Sèvre et Maine réalisé dans les règles de l’art.
LES VINS
Muscadet Sèvre et Maine Bel Abord 2022 (12€)
Note BGV 89–90/100
Bel Abord n’est pas classé en cru, mais est issu de vignes parfaitement situées en face du village de Saint-Fiacre.
C’est une belle introduction à la gamme du domaine, un vin plus immédiat que ses grands frères, au nez déjà très ouvert et intense. On mesure la belle maturité de la vendange et le soin dans l’élaboration de cette cuvée à travers les notes de mirabelle qui tirent sur l’abricot frais, un nez qui étonnamment n’est pas sans rappeler les vins du Rhône nord. La bouche est d’entrée très savoureuse, avec une texture grasse qui s’équilibre avec le caractère sec et une finale saline qui signe un très beaux Muscadet. Un vin qui donne faim. Prêt à boire pour les 3 à 5 prochaines années.
Les crus du Muscadet
Goulaine 2020 (17€)
Note BGV 92+/20
Le plus sec et minéral des 3 crus.
Sur le millésime 2020, on retrouve la maturité de fruit très poussée pour la région, déjà découverte avec le 2018, marquée par des arômes de fruits à chair jaune, d’agrumes, de fenouil, de fumée et cette salinité iodée si caractéristique. Une telle richesse aromatique n’est pas le fruit du hasard, mais bien celle d’un terroir très distinct qui justifie que Goulaine ait été élevé au rang de cru du Muscadet.
La bouche est ample et concentrée, mûre, sèche à souhait, avec une vivacité plus mesurée que celle des Muscadets classiques, et présente un gras enveloppant qui mène à une finale saline particulièrement intense.
Goulaine 2020 promet une très belle évolution sur 12 à 15 ans (comme le montre ma dégustation d’un Château Thébaud 2009, il y a quelques semaines), même si le vin offre déjà de belles sensations gustatives.
Ce vin est avant tout destiné à la gastronomie, parfait pour accompagner les produits de la mer, les crustacés et les poissons élaborés, les plats orientaux, ainsi que les fromages de chèvre.
Clisson 2021 (17€)
Note BGV 91/100
Sur le millésime 2021 les expressions des crus du Muscadet sont plus classiques et moins « exubérantes » qu’en 2018 et 2020.
Clisson est le vin le plus rond et fruité des trois crus du domaine. En 2021, il gagne un supplément de minéralité et une vivacité qui pouvaient lui faire défaut auparavant. La dimension aromatique saline, iodée et minérale s’affirme et s’harmonise avec les notes de fruits blancs.
En bouche, le vin dévoile un beau volume et cette vivacité minérale saline si caractéristique.
Pour ceux qui ont apprécié la cuvée Bel Abord en 2021 et 2022, Clisson présente un profil similaire, mais avec un degré supplémentaire en termes de concentration, d’intensité et de longueur.
Clisson 2021 s’adresse aux amateurs de Muscadet recherchant un exemple ambitieux, soigné, concentré et authentique, sans l’effet de surprise des millésimes 2018 et 2020
Château-Thébaud 2021 (19€)
Note BGV 91–92/100
Le plus élégant et profond des 3 crus
Le Château-Thébaud est la cuvée phare du domaine, issue de vignes plantées en 1945 et travaillées au cheval pour une approche plus minutieuse, le passage d’un tracteur pouvant s’avérer préjudiciable pour les vieux ceps.
J’attendais avec impatience ce 2021. Je voulais voir comment François Lieubeau allait gérer ce cru d’exception du Muscadet dans un millésime moins solaire que les 2018, 2019 et 2020. Château-Thébaud tient son rang, même dans ce millésime moins ensoleillé, l’expression du terroir en est d’autant plus lisible, et l’élégance du cru encore plus immédiate.
Le nez est très ouvert, raffiné, identitaire, avec une dimension florale plus importante, complétée d’arômes de fruits à chair blanche, de fenouil, et de notes iodées/salines qui rappellent que l’océan n’est pas loin.
Moins puissant que le 2020, la bouche est plus élégante, sèche, et on retrouve la vivacité du cru, avec du relief et cette finale saline de grand style. Un modèle de cru du Muscadet, parfaitement vinifié.
Il plaira aux amateurs de grands vins blancs non boisés, tels que ceux de la Loire, d’Alsace ou de Bourgogne, tout en demeurant très abordable pour les novices.
Idéal accompagné d’un plat raffiné, du poisson noble, des Saint-Jacques, de la viande blanche ou d’un plateau de fromages. À servir autour de 9–10 degrés.
Il devrait évoluer sensiblement plus rapidement que le 2020 et ainsi démontrer sa capacité d’évolution sur 8 à 10 ans.
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Panaché découverte des crus — 6 bouteilles (104€)
- 2 bouteilles de Goulaine 2020 (17€)
- 2 bouteilles de Clisson 2021 (17€)
- 2 bouteilles de Château Thébaud 2021 (19€)
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Commande groupée Beaugrand Vins jusqu’au dimanche 22 septembre
- Retrait à mon domicile à Rueil-Malmaison à des horaires assez souples, la semaine et le week-end, à partir de début octobre.
- Livraison par mes soins sur Paris et petite couronne, à partir de début octobre.
- Livraison en France et étranger en cartons spéciaux vins par UPS,à partir de début octobre.